Impressions...
C'était un vendredi. J'étais dans le train. Encore. Un de ces fameux trains de 14h44, qui partait de St Lazarre. Un de ces trains qui mettaient 3 h avant que je n'arrive ici. Un de ces trains que je prenais tous les vendredis, après avoir pris auparavant, un TGV et un RER pour une station. J'étais à la place près de la fenêtre. Il y avait du soleil, ça faisait du bien, ça réchauffait . Ca me faisait les joues rouges aussi, mais ça , ça ne change pas. J'avais sorti mon bouquin, sans doute un Harry Potter à l'époque..ou bien alors un magazine sans intéret, je ne sais plus. Elle s'est assise à coté de moi. Elle était jeune, sans doute mon âge voir moins. Elle avait de la classe, Elle. Moi j'étais ratatinée et engoncée dans mon fauteuil, Elle était élégante, droite et belle. J'avais les joues rouges et des boutons, un jean's et aucun vrai style. Elle avait une peau parfaite, pas de rougeurs et cette élégance propre aux jeunes filles branchées que je n'étais pas. Elle a sorti son attirail: une grande trousse à maquillage transparente. Le train est parti. Elle s'est mise au travail, le plus naturellement possible. De la crème pour débuter, rien de chic, de la nivé@ soft, le truc qui coûte trois franc six sous quoi. Soigneusement étalée sur son visage, Elle s'est crêmée les mains avec ce qui lui restait sur les doigts. Elle a attendu un peu, en consultant son téléphone portable. Puis Elle est passée au fond de teint, correctement et finement étalé. Puis la poudre. Puis les fards, le crayon, le mascara. Du rouge à lêvres sans doute, je ne sais plus. Elle s'est recoiffée. A chaque étape, elle rangeait soigneusement son matériel et sélectionnait tout aussi soigneusement le suivant. Elle a mis 30 minutes pour faire cela. Je l'ai observé, du coin de l'oeil. J'étais fascinée. Quel cran, quel culot, faire ça en public! Rien d'outrageant certes, mais au grand jamais je n'en ferai autant, bien trop timide, bien trop pudique.Après, Elle était toujours aussi jolie, juste plus sofistiquée, mais rien de choquant, rien de trop. Elle savait ce qui lui allait, Elle connaissait les gestes. Après avoir rangé sa trousse, elle sorti un livre, et pas un truc à l'eau de rose, ni un magazine. Non, un livre, un roman quoi. Elle est descendue à la grande ville bien avant la mienne. Personne n'a pris sa place. Je ne lui ai pas adressé la parole. J'aurai aimé lui dire mon admiration, mais je n'ai pas osé. Cette fille, parfaite inconnue, m'a laissé une impression tellement forte.
Souvent j'y pense. Souvent je me dis que je ne serai jamais comme Elle. Qu'Elle a de la chance. J'y ai repensé il y a peu, lundi en fait. Lundi, j'ai eu honte. A 30 ans, ma peau était pire que celle que j'avais adolescente, rouge et pleine de boutons. Une allergie sans doute. J'étais fatiguée en plus, ce qui n'arrangeait pas le tableau. Depuis lundi je me trouve de nouveau pas terrible et cet épisode de ma vie remonte à la surface. Moi, je n'ai pas une belle peau naturellement, et mon allergie pour les parfums (tous, et même les bios maintenant) réduisent mes possibilités cosmétiques! Je ne peux pas mettre de fond de teint. Ma peau est craquelée telle celle d'un crocodile, résultat on dirait que je me badigeonne de platre. J'ai de la rosacée, qui ne pourrait sans doute être soignée que grâce à du lazer...sans assurance que ça ne revienne pas. Bref, j'arrête le bilan. Depuis lundi je réfléchi encore plus à ce que je veux. Je sais que je ne serai jamais comme Elle. Tant pis...Il me faut trouver mon Moi... encore du chemin à parcourir pour ça..